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LE FAIT DU PEINTRE (extraits)




L'inventaire humain mène à la mort.

La peinture, déploiement du visible, y mène aussi.

La peinture ne sauve pas le peintre.


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Mes tableaux viennent – et sont mystérieusement en charge – de cette zone de densité usante où

je vis désormais .


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A l’exacte jonction du hasard et du contrôle rayonne le tableau .


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Mes tableaux : des lendemains d’image .


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Cet instant – cette bascule – où la beauté engendre sa propre nécessité, où l’œuvre cesse d’être gratuité ( pourquoi celle-là et non une autre ) et déploie son évidence ( elle et nulle autre ).


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Construire un tableau puis le déconstruire jusqu’à ce que la lumière bouscule ces équerres de verre.


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Parler de la peinture.

Oui – si ce que l’on dit renvoie sans cesse au tableau , si le dit de la peinture éclaire le voir du tableau.


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Il y a des non-regards, rapides et prédateurs, qui se saisissent d’un atelier, d’un peintre, d’une œuvre en un claquement de secondes.

Croient-ils.


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Mon propos de peintre : la mise en œuvre d’un espace insitué où le plan pictural se détache du plan-support,vibre devant , derrière,on ne sait plus.

Un bloc de profondeur. Une profondeur en bloc.


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Un peintre sans sa peinture ( sa pratique de la peinture ) est un os sans son chien.


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Dans ce lieu s’invente et s’expose une profondeur non perspectiviste.


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La vie, la peinture : un lâcher prise.

Une paix intense me submerge. Je regarde. Pour une fois je suis là.


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Ils ont laissé tomber la profondeur – l’illusion perspectiviste de la profondeur – pour le plan, la surface. Il est temps de rendre compte de la profondeur – non par les lignes et points de fuite de la perspective mais par un étagement tactile des plans de l’espace, un feuilletage des plans picturaux. De nouvelles procédures sont à mettre en œuvre pour que flottent formes, particules, plans ou signes en périmètres immatériels dans une profondeur sans perspective,émettant une lumière sans support.


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Philippe de Croix


mars-juin 1992

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